Que reste-il de la lumière de notre désir ?
(photographies et poésie 2022)

Un vœu enfoui, secret.
Une attente tendue et éblouie à l’expression étrange : mélancolie et force vitale.
Une lueur du fin fond, vestige d’un refus d’être vaincu, d’une jeunesse que l’on ne se résout pas à trahir. Une fleur de sang au front. Des chemins qui ne mènent nulle part et d’autres à peine dessinés,
des routes de nuit en plein jour.
Une nature morte à la cage vide dont aucun oiseau ne s’est envolé.
Une lumière vive et éphémère. De jeunes soldats qui partent à la guerre et qui posent
avec leur couronne de fleurs funéraires.
Une braise qui ne cesse de ne pas s’éteindre comme les restes entêtant d’un souvenir enflammé.
Signes, traces, méandres qui se font miroir de cette émotion soudaine qui nous creuse la poitrine. Une sphinge aux yeux crevées.
Un sommeil dans lequel défile des bribes de paysages anciens.
Une anomalie révélatrice, une plongée dans le vague à l’âme.
Le cœur perdu sur le trottoir. Une veine palpitante.
Mes cheveux ressuscités.
Un tremblement.

 

Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l’horizon de ces pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu’ici car là où nous étions ce n’était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus il a fallu partir…Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduits à un pays qui n’avait que son souffle pour escalader l’avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté.

DE MOMENT EN MOMENT, René Char (En trente-trois morceaux et autres poèmes)